Les manifestants en gilet jaune ont bloqué les ronds-points et les péages autoroutiers dans tout le pays.
Un mécontentement croissant
Des images de barricades incendiées, de police anti-émeute et de gaz lacrymogène sur les Champs-Élysées à Paris ont attiré l’attention du monde entier sur les gilets jaunes de France. Le nom fait référence aux gilets de haute visibilité que ces manifestants ont adoptés comme symbole de leur plainte. La loi française exige que tous les automobilistes portent ces vestes dans leur voiture. Le mouvement a commencé plus tôt ce mois-ci pour protester contre la hausse du prix du carburant, mais a pris un rôle plus large, et les gilets jaunes sont maintenant considérés comme des symboles du mécontentement croissant de la population envers le président Emmanuel Macron.
La protestation a commencé lorsque la hausse des prix mondiaux du pétrole, combinée à une augmentation des taxes sur le diesel cette année, a fait grimper les prix à la pompe à des niveaux records. Les navetteurs des grandes villes françaises sont bien desservis par de bons réseaux de métro et d’autobus ; mais ailleurs, beaucoup de gens parcourent de longues distances pour se rendre au travail. Le gouvernement affirme que le taux d’imposition plus élevé, combiné à une augmentation supplémentaire prévue au début de l’année prochaine, est conçu pour aligner les prix du diesel et de l’essence dans le cadre d’un effort visant à réduire la consommation de diesel et donc la pollution.
M. Macron a expliqué :
Je préférerais taxer le carburant plutôt que le travail.
Ceux qui se plaignent de la hausse du prix du carburant exigent aussi des mesures contre la pollution de l’air parce que leurs enfants tombent malades.
Des arguments fallacieux
Ceux qui vivent loin des systèmes de vélo en libre-service et des réseaux Uber des grandes villes françaises n’adhèrent cependant pas à l’argument vert du gouvernement. Ils pensent que cette taxe est une nouvelle brimade pour les familles qui ont du mal à joindre les deux bouts et une preuve du mépris du président à l’égard des travailleurs ordinaires. Quelques 280 000 gilets jaunes ont pris part à une première journée de protestation le 17 novembre dernier, bloquant les ronds-points et les péages autoroutiers dans tout le pays. Moins de la moitié d’entre eux sont descendus dans la rue le 24 novembre, lorsqu’une manifestation à Paris a pris un tour particulièrement violent après que des fauteurs de troubles se soient infiltrés dans l’événement. Le mouvement Gilets jaunes, qui a émergé grâce aux médias sociaux, s’indigne du gouvernement français en place : M. Macron gouverne pour l’élite plus aisée, basée à Paris.
La durée du mouvement de protestation dépend en partie de sa capacité à survivre à une tentative de mutation en un mouvement plus organisé. Les gilets jaunes sont actuellement sans structure et sans leader, ce qui est à la fois leur force mais aussi une faiblesse potentielle. Des rivalités internes et des objectifs contradictoires pourraient encore diviser le mouvement, de même qu’une perte de soutien public si le mouvement se radicalise. Contrairement aux manifestations syndicales, la nature amorphe des protestations des gilets jaunes rend également plus difficile pour le gouvernement de négocier avec eux. Le défi de M. Macron sera de défendre les principes de son écotaxe, ainsi que son image de leader déterminé qui ne cédera pas aux protestations dans la rue comme l’ont fait tant de ses prédécesseurs, tout en surmontant l’image qu’il renvoie d’être sourd aux préoccupations des gens ordinaires.