L’euro s’est déprécié face au dollar après que des études économiques françaises et allemandes décevantes aient consterné les marchés.
Une chute de 0,6%
En France, l’activité des entreprises du secteur privé s’est contractée pour la première fois en deux ans et demi, les manifestations des « gilets jaunes » ayant fait leurs ravages. En Allemagne, l’activité du secteur privé a atteint son plus bas niveau en quatre ans. Les enquêtes ont fait apparaître une faible croissance au quatrième trimestre dans les deux plus grandes économies de la zone euro.
Après la publication des chiffres, l’euro a chuté de 0,6 % pour s’établir sous la barre des 1,13 $.
Les données proviennent d’enquêtes étroitement surveillées publiées par le groupe de recherche IHS Markit, qui suit l’activité commerciale dans toute l’Europe dans son indice PMI (Purchasing Managers’ Index).
Son chiffre composite de décembre pour l’économie française était en forte baisse à 49,3, contre 54,2 en novembre.
Tout chiffre inférieur à 50 indique une contraction plutôt qu’une expansion. La lecture de l’actualité française a déconcerté les analystes, l’indice atteignant des profondeurs jamais vues depuis novembre 2014.
Eliot Kerr, économiste chez IHS Markit, déclarait à ce propos :
Après avoir raisonnablement bien résisté au cours des premiers mois du quatrième trimestre, les dernières données flash ont montré pour la première fois en deux ans et demi que le secteur privé français a subi une contraction brutale à la suite des protestations qui ont balayé le pays ces dernières semaines.
Le ralentissement du secteur manufacturier s’est accéléré, tandis que la résilience du secteur des services s’est surtout arrêtée, l’activité commerciale et la demande ayant chuté.
Pour l’économie allemande, le chiffre équivalent était de 52,2, contre 52,3 le mois précédent.
Les Gilets Jaunes
L’impact des manifestations du mouvement des gilets jaunes s’est fait fortement sentir en France, où le gouvernement a été contraint de céder aux pressions et de changer de cap économique.
Le président Emmanuel Macron a réagi aux manifestations de rue à l’échelle nationale en supprimant une hausse impopulaire de la taxe sur les carburants et en promettant 100€ supplémentaires par mois pour les travailleurs au salaire minimum (SMIC) et des réductions d’impôts pour les retraités.
Cependant, il n’en a fait assez pour désamorcer la colère du public.
Bart Hordijk, analyste de marché chez Monex Europe, a déclaré :
Les gilets jaunes peuvent avoir un certain soutien de la part du public français. Cependant, les entreprises ne sont pas d’accord.
Si l’ampleur de cette baisse se poursuit dans d’autres pays et dans les mois à venir, l’évaluation de la Banque centrale européenne selon laquelle l’économie de la zone euro « risque de passer à la baisse » semblera rapidement dépassée, car les risques seront déjà présents.
Le président de la BCE a parlé hier d’une « croissance plus faible, pas d’une croissance nulle « . Toutefois, le risque de voir les économies de la zone euro sombrer dans une récession alors que les taux d’intérêt de la BCE sont encore inférieurs à zéro est faible.
Ce serait un scénario à la japonaise : une perspective que l’euro n’accepte pas bien, c’est compréhensible.